Pour préserver l’anonymat des personnes citées, les noms et certains détails ont été modifiés.
Carla est étudiante. Sa mère, Eva, est très présente dans sa vie et me contacte pour un cours de self défense, pour sa fille. Nous commençons par une heure de discussion tous les trois.
“Avec tout ce qu’on entend aux informations”
Eva est très inquiète pour sa fille, après qu’elle se soit récemment faite agresser un soir en rentrant de soirée. Carla s’est faite agresser alors qu’elle était avec un ami, par un homme qu’ils n’avaient pas vu mais qui se trouvait pourtant en pleine rue. Ils se sont retrouvés face à lui au dernier moment. L’homme a été menaçant puis a porté des coups à l’ami de Carla, sans gravité extrême. Carla et son ami ont été choqués de voir à quel point ils n’ont pas réussi à agir. Ils se sentaient “paralysés”. Carla a été surprise, elle “imaginait pouvoir faire au moins quelque chose”.
Eva souhaite que sa fille sache se défendre, quitte à “s’armer de gazettes anti-agression ou à s’inscrire à des cours de krav-maga”. Elle pense que le monde est dangereux, surtout avec tout “ce qu’on entend aux informations”.
Elle-même a déjà été victime de plusieurs agressions, où elle a été suivie pendant plusieurs jours par un homme à pied, et en véhicule le soir. Elle a peur de la nuit, et a tendance à être paralysée quand les situations deviennent trop prenantes émotionnellement. Elle cite souvent la carrure et le comportement de ces hommes comme “imposants”.
“Vivre sans le poids imposant de la peur”
Eva souhaite que sa fille puisse vivre sereinement sa vie, en sécurité, et sans le poids imposant de la peur. Carla, elle, admet qu’elle n’a pas su sentir et répondre à l’agression, et souhaite se sentir capable d’agir, ne serait-ce que pour être capable de prendre la fuite, et souhaite reprendre confiance en elle. Elle souhaite vivre “sans se prendre la tête”.
Mère et fille cherchent à reprendre confiance en elles, pour aborder plus sereinement le monde qui les entoure.
Après notre discussion, la mère nous laisse travailler avec Carla.
La voie du mouvement intuitif
Nous travaillons des exercices de contact, de poussée, d’équilibre et d’ancrage, contre le mur, dans le coin, et Carla s’habitue petit à petit à sentir ce qu’elle peut faire et à sentir l’adversaire. Elle apprend à sentir le chemin facile dans le contact face à un adversaire, le chemin difficile, et à agir.
Elle apprend la voie du mouvement intuitif, sans passer par une analyse uniquement cérébrale qui fige son action.
Elle prend conscience que ces concepts peuvent s’appliquer de façon symbolique dans toutes ses actions, et qu’elle pourrait même améliorer ses prises de paroles et la perception de son environnement. Elle apprend à développer conscience de soi, et aussi conscience du monde qui l’entoure (et c’est très différent de la paranoïa).
Des conséquences directes sur la relation mère-fille
La mère revient dans la salle. Elle est rassurée par la confiance que dégage sa fille.
Clara prend alors la parole de manière intense, puis parvient à se calmer, et explique à sa mère que ce sont également ses peurs qu’elle a projeté sur elle depuis son enfance, qui sont imposantes.
Sa mère, en voulant bien faire, impose elle-même ses peurs, sa volonté et sa vision du monde à sa fille, “pour son bien”. La mère prend conscience que sa fille n’est plus un bébé, et que, même si elle a eu un incident par insouciance, elle est tout à fait capable de naviguer le monde en confiance. La fille se libère d’un poids, sans être dans un échange verbal violent. Mère et filles repartent détendues.
Pour aller plus loin:
Méditer sur :
Le monde est-il dangereux, et à la construction de quel monde je veux participer?
Pourquoi j’attire des hommes dangereux ?
Dois-je à mon tour devenir dangereux?
Pourquoi je n’ai pas perçu la menace qui était devant mes yeux?i
Est-ce que je transmet mes peurs ?
Comment participer à un monde harmonieux?